Paris, Fluctuat Nec Mergitur! 

12/12/2019

Une nouvelle d'espoir!

Nous avons appris la bonne nouvelle ce mardi 10/12/2019, mon dossier est accepté à l'Institut Gustave Roussy, mais les épreuves vont se succéder...     

D'après le Dr Cavalcanti , nous avons 50 % de chance de réussite mais avec des réserves.  L'intervention est fixée à une date que j'espérais pouvoir éviter, celle du 24 décembre avec une entrée le 23 en hospitalisation et une sortie prévue le 31 avec nécessité de rester sur Paris jusqu'au 3 janvier au cas où il y ait d'éventuelles complications...
Cela signifie donc un premier Noël sans mes  deux trésors. Vous me direz, tant pis il y en aura d'autres, la priorité est ailleurs, mais dans ce contexte précis, le réconfort et l'Amour sont essentiels pour traverser les différentes étapes de cette maladie, et cela fait encore un élément qui vient se surajouter au reste. 

Bien entendu, je le voyais autour de moi, j'en entendais parler, j'ai soigné des patients atteints de cancer, mais à aucun moment je ne pouvais imaginer ce que toutes ces personnes ressentais au plus profond de leur être. C'est là une grande leçon de vie. J'ai tendance à dire, être touché par le cancer, c'est comme devenir parents, on se fait une idée, on en entend parler, on juge même parfois certains comportements naïvement avant même d'en avoir vécu l'expérience, mais au final c'est lorsque cela vous arrive que vous découvrez réellement qui vous êtes, quels parents vous êtes en train de devenir avec des qualités, mais aussi des défauts, des erreurs et les remises en questions qui s'imposent, car nul n'est parfait!          

Et bien, pour moi, le cancer c'est un peu la même chose, vous vous croyez fort, parfois suffisamment pour affronter cette maladie à la place de n'importe qui et minimiser l'impact émotionnel et physique que cela peut avoir sur une personne, ne pas réaliser réellement l’abattement psychologique, la fatigue, et les pleurs... Mais lorsque cela m'est arrivé, j'ai découvert avec tant d'intensité à quel point je me sentais faible et vulnérable, certainement parce que je n'avais pas encore réalisé dans quoi je venais de mettre les pieds...    

Je pense l'avoir réellement découvert ce mardi grâce au Dr Cavalcanti et sa bienveillance, son humanisme, son empathie, mais aussi la clarté et la sincérité de son discours, sans rien occulter. "Monsieur Delmas, même si on vous ampute la jambe, personne, aucun médecin n'a le pouvoir de vous dire aujourd'hui qu'il va vous guérir de votre sarcome, il peut y avoir des cellules circulantes encore non implantées qui peuvent créer un autre foyer" tandis que d'autres me disaient "Si on vous ampute la jambe, on enlève l'intégralité de la tumeur et il n'y aura plus de radiothérapie, ni chimio, ni aucun autre traitement". Ne serait-ce pas de la désinformation? En tout cas, cela vous fait réfléchir et vous rendre compte à quel point la bataille n'est pas terminée!

"Cette tumeur est vraiment très volumineuse à l'heure actuelle et la perfusion isolée n'a pas encore vu de  régression totale de cette ampleur. Par contre il est possible qu'elle soit désactivée par dévascularisation", avec de ce fait la persistance d'une épée de Damoclès au-dessus de la tête. "Toutefois M. Delmas, si elle se réactive nous aurons toujours la possibilité de faire une seconde perfusion isolée une ou plusieurs années après... Mais nous pouvons aussi espérer une réponse merveilleuse et finir de brûler la tumeur avec de la radiothérapie, voir de faire une chirurgie pour retirer ce qu'il en reste si c'est possible."

"Prenez le temps de la réflexion, ne vous hâtez pas dans votre décision, attendons déjà de nous rencontrer vendredi, que je vous expose tout avec les risques que cela peut comprendre".

Le temps est à la réflexion, mais je veux croire en ma bonne et belle étoile et au fond de moi la décision est déjà prise! Même si il n'y avait que 15 ou 20 % de chance de réussite, cela vaut la peine d'essayer, je n'ai plus rien à perdre, surtout que la perfusion isolée du membre n’entraînera pas de risque supplémentaire d'évolution de la maladie même si nous devrons attendre 2 mois pour évaluer objectivement la réponse...

Paris , nous voilà! ...