Une fin d'année difficile mais de beaux exploits personnels

02/12/2020

Bonjour à tous,

Je reviens vers vous après cette longue période sans donner de nouvelles, mais les journées s'enchaînent, et le temps manque toujours, même lorsqu'on ne travaille pas, c'est effarant! Ces derniers mois ont été rythmés par de nombreux évènements marquants pour moi, notamment fin septembre où il m'a fallu encore passer par une épreuve responsable d'un nouveau chamboulement émotionnel. La découverte d'un nodule métastatique pulmonaire au scanner de contrôle m'a replongé dans l'état de l'an dernier, moi qui espérais pouvoir exorciser cette année compliquée à tout point de vue... Il faudra malheureusement encore patienter pour cela. J'ai terminé la série de séances de radiothérapie il y a 15 jours. Les chances de réussite sont de 90 %, ce qui donne de bonnes perspectives futures. J'espère que cela mettra enfin un terme à cette mauvaise série.

Cela fait un moment que je me dis qu'il me faut écrire un nouvel article, mais je tarde. La vie à la maison laisse beaucoup moins de temps libre et de place à d'autres occupations qu'à la clinique. Les tâches quotidiennes, administratives, la maison, les enfants, la famille... Tout passe trop vite! Les semaines défilent à une vitesse déconcertante. Mais cela ne vaut-il pas mieux que de s'ennuyer et de se morfondre chez soi. Et puis toute cette activité fait partie intégrante de ma rééducation. J'en fais bien plus ici qu'en centre de rééducation, c'est un excellent moyen pour se remettre plus vite sur "pieds"...

De fait, la perspective de reprendre le travail incessamment sous peu me fait un peu peur à l'heure actuelle. Je ne me sens pas encore prêt à me remettre dans la cadence effrénée et insoutenable que j'avais avant. D'ailleurs ce n'est pas le but. Il va me falloir adopter un nouveau  rythme, plus adapté à ma nouvelle condition. Et puis, je sens qu'il est aussi temps de faire un travail sur moi, ou du moins le poursuivre, car depuis ma sortie de l'hôpital de jour début octobre, je n'ai plus de suivi psychologique, et je sens que par moments je recommence à en avoir besoin. Le fait d'avoir accompli la majeure partie des tâches et objectifs matériels que je m'étais fixés, le FAIRE laisse de plus en plus place à l'ETRE encore en souffrance, quoi de plus normal et logique me direz-vous? Et d'autre part le mal-être général engendré par cette crise sanitaire de la covid-19 ne vient-il pas se surajouter à tout ça? Est-il bien raisonnable de me mettre davantage en contact au cabinet avec mon système immunitaire qui n'était pas encore revenu à la normale aux derniers examens biologiques du mois de juillet. La chimiothérapie laisse des séquelles durant de nombreux mois après.

De fait, je n'envisage pas de reprise du travail tant que je n'aurai pas fait du nettoyage dans mes émotions et dans ma tête. Ni tant que mes bilans de santé ne seront pas au beau fixe. Comment soigner et venir en aide aux autres convenablement et efficacement si je ne me sens pas suffisamment bien moi-même. Difficile de gérer le stress et la souffrance de ses patients lorsqu'on manque d'équilibre pour pouvoir les recevoir, se centrer et soigner efficacement. Je pense qu'il me faut encore un peu de temps de repos psychologique et émotionnel. Cela va mieux , mais pas suffisamment pour enchaîner des journées de consultations sans me porter préjudice à moi-même. De toute manière il me faut attendre au moins le prochain scanner de janvier pour espérer retrouver plus de quiétude…

D'un point de vue fatigue, cela s'améliore nettement. J'ai regagné en vigueur. Ma stabilité monopodale, ma résistance physique, et mes facultés de pseudo-bipède se sont grandement améliorées. C'est en forgeant qu'on devient forgeron, et rien ne peut remplacer le temps malgré tous les efforts et la bonne volonté que l'on peut investir… A ce jour, un peu plus de 6 mois après mon amputation et 5 mois depuis mon premier appareillage, je dois dire que la différence est plus que notable. Je me débrouillais bien, et progressais vite mais le temps à fait son œuvre et me permet de ressentir beaucoup moins de douleurs que dans les débuts. Bien que je me sois retrouvé bloqué à quelques reprises avec de gros lumbagos. Bien heureusement, mes remplaçants Marc et Marion étaient là pour me remettre d'aplomb. 

Il faut dire que je ne me suis pas ménagé, et mon corps en phase de transformation a eu un peu de mal à suivre le rythme effréné que je lui ai imposé depuis ma sortie d'hospitalisation complète. C'est la non-acceptation de cette nouvelle condition, de ce handicap, le désir de pouvoir vivre comme avant avec l'espoir de retrouver mes facultés antérieures qui me poussent et me permettent de trouver la motivation et la persévérance dans l'action. Je ne me mets pour le moment aucune restriction, même si cela semble parfois inconscient pour mon entourage. Mais ma philosophie est de tout essayer, tester avec prudence certes, tout en restant à l'écoute de mes sensations, de mon corps et d'agir en conséquence. Il y a la plupart du temps beaucoup de frustration car forcément les choses ne peuvent plus se faire exactement comme avant. Avec un genou en moins, impossible de plier la jambe et de la verrouiller en semi-flexion. Ce qui complique souvent les choses.  Ne serait-ce que se déplacer en évitant un obstacle à hauteur de tête...

Les efforts et la persévérance ont porté leurs fruits aujourd'hui. Pour autant, le travail n'est pas terminé et comme me l'ont souvent dit les kinés du centre de rééducation de la Bourbonne il faut au moins un an pour une telle rééducation. J'en suis encore au point où chaque jour est sujet à de nouvelles interrogations au réveil, comment vais-je me sentir aujourd'hui en mettant la prothèse ? Les sensations sont différentes d'un jour à l'autre, en partie à cause de la réduction de volume du mignon qui continue de fondre comme neige au soleil (du fait de l'atrophie des muscles qui n'ont plus de fonction comme le quadriceps, et la réduction de l'œdème post-chirurgical). Et plus je m'active, plus ça fond… Quel paradoxe !!! D'autre part on pourrait penser que le volume augmente dans la journée avec l'échauffement, en tout cas c'est ce que je pensais avant d'en faire l'expérience, mais il n'en est rien, et c'est même justement le contraire. L'emboiture bien ajustée du matin passe en mode flottaison le soir. Et plus il y a de jeu, plus on perd en maniabilité, stabilité et réactivité… Apparemment, c'est un problème fréquent des débuts mais qui tend à s'atténuer avec le temps. Le froid de l'hiver sera-t-il un allié pour pallier ce désagrément ???

J'en profite de fait pour m'occuper de moi et de ma santé, ma priorité. Reprise notamment de la kinésithérapie, encore nécessaire pour travailler les adhérences cicatricielles et l'œdème qui se résorbent progressivement.  Bilan et rééducation orthoptiques, soins divers en shiatsu, énergétique, magnétiseurs. Les douleurs fantômes quant à elles sont toujours présentes mais se sont  bien atténuées grâce aux séances d'acupuncture avec Josiane B. Les choses se mettent en place progressivement.


J'aimerais maintenant revenir  sur ces derniers mois écoulés et partager avec vous les faits et évènements positifs qui ont rythmé les débuts de ma nouvelle vie  .

JUILLET

Je dois dire que pour commencer, le passage à l'emboiture sous vide est venu révolutionner le confort à la marche et ma marge de progression. Terminé le pistonnage avec ce système. La congruence dans l'emboiture et la maniabilité de la prothèse se sont de fait nettement améliorées. Un "pur bonheur", bien que chaque modification d'emboiture peut me donner parfois l'impression de faire marche arrière. C'est la délicatesse du sur-mesure, et ce malgré la bonne-volonté, la disponibilité, la gentillesse, l'expérience et les compétences du personnel de BTC orthopédie Marseille qui me suit. Le moindre défaut d'ajustement peut entraîner une dépense énergétique bien plus importante, ainsi que des douleurs à la marche rendant les activités impossibles. 

Un vendredi soir, de retour de chez BTC, l'emboiture toute neuve entre les mains ou plutôt au mignon qui semblait bien convenir sur le moment, s'est finalement révélée au bout de quelques heures d'utilisation inadaptée. Plus je marchais, plus je bougeais et testais la prothèse sur terrains variés plus les douleurs apparaissaient, rendant la marche quasi impossible. On ne se rend pas toujours compte immédiatement des problèmes d'ajustement.

Vous avez certainement dû faire au moins une fois l'expérience d'acheter des chaussures, de vous sentir bien dedans, et quelques heures de marche plus tard ressentir des douleurs au niveau de certaines zones de frottement. Et bien c'est pareil avec l'emboiture, il faut la tester sur différents terrain de marche pour s'en rendre compte. La différence avec des chaussures, c'est que l'emboiture elle, ne se déforme pas et on ne peut pas la briser comme une paire de chaussure. Du coup, il faut adapter l'emboiture à son mignon. 

J'ai donc appris par la force des choses mais aussi grâce à mon tempérament, à rectifier moi-même mes emboitures.  Le couloir d'essai du prothésiste ne suffit pas pour se faire une idée objective de l'ajustement. Il faudrait un véritable parcours de test avec escaliers, descentes et montées douces, franches, obstacles, etc. Mais ce n'est pas le cas. Alors, ne pouvant pas me résigner à rester inactif pendant au moins trois jours, j'ai pris la décision de la modifier moi-même. Perdu pour perdu, je ne pouvais pas espérer pire. Et qui est mieux placé que moi pour déterminer mes zones d'inconfort et les remodeler?  Je me lance donc à chauffer le "plastique" au décapeur thermique, et à remodeler les zones délicates responsables des appuis douloureux.  Le plastique a un temps d'inertie pour accumuler la chaleur et se ramollir, il faut donc y aller progressivement avec patience et délicatesse, et s'équiper de gants de bricolage en cuir doublés en coton pour ne pas se brûler. On fait forcément des erreurs, mais à force de pratiquer on y arrive, et surtout on comprend mieux comment telle ou telle rectification modifie les sensations dans l'emboiture, le confort et le contrôle de la jambe prothétique. Ce ne sont donc pas réellement des erreurs, mais plutôt une investigation menant au résultat recherché.  D'autant plus qu'il y a parfois un monde entre la théorie et la pratique. Il faut trouver le juste milieu entre mobilité, stabilité, confort, réactivité et congruence. Trop de stabilité et de congruence améliorent la réactivité et le confort, mais gênent en partie la mobilité, alors que trop de liberté de mouvement entraîne une perte de réactivité de la prothèse (comme si il y avait du jeu entre le volant et la colonne de direction d'une voiture, entrainant un décalage entre l'action et la réaction) et une dépense énergétique musculaire beaucoup plus importante pour compenser la perte de stabilité. C'est confortable en statique mais contraignant en dynamique. C'est toujours une recherche du juste équilibre. Surtout qu'après avoir modifié l'emboiture, il faut systématique rectifier les réglages de la prothèse au niveau de l'ancre ( zone de fixation du tube sous l'emboiture),  du genou et de la cheville. Bref, au bout d'un moment, ça vous mange le cerveau. A tel point qu'il vaut mieux s'arrêter pour reprendre les réglages un peu plus tard, et même parfois après une bonne nuit de sommeil afin de laisser le temps au corps de décompenser toutes les adaptations de la journée imposées par la prothèse, et attendre une sorte de réinitialisation du corps qui ne peut se faire qu'en position de décubitus. Il m'arrive d'ailleurs régulièrement de devoir modifier la longueur de la jambe prothétique le matin au réveil.  Et si tout ça ne suffit pas, si le corps n'arrive pas à se rééquilibrer tout seul, rien de tel qu'une bonne séance d'ostéopathie pour donner un coup de pouce… 😊 

Fin juillet, l'acquisition du genou électronique C-Leg d'Ottobock en version d'essai est venue sécuriser davantage la marche en toutes circonstances. Ce qui n'aura pas empêché que je lui en fasse voir de toutes les couleurs entre le jardinage, le bricolage et la randonnée. Il est passé de son beau gris anthracite métallisé au noir carbone brute par endroits. Je lui aurai bien fait goûter l'herbe, la poussière et les rochers. Le test de résistance aux chocs et à l'abrasion est validé! 😊

D'autre part, l'ajout de la bague de rotation permettant de tourner la prothèse comme sur la photo ci-dessous est aussi une véritable amélioration non superflue permettant enfin de se chausser et de s'habiller plus facilement. Cela permet aussi de prendre des positions plus confortables en position assise notamment.

Un autre ajout fin septembre est venu compléter cette combinaison déjà efficace, il s'agit de l'amortisseur de torsion qu'on peut voir en bas de la tubulure juste au-dessus de la cheville, et qui permet de reproduire des mouvements de torsion de la cheville, facilitant les changements de direction, et soulageant énormément les contraintes  au niveau de la hanche, des lombaires, et du bassin...


Juillet aura été un mois d'adaptation et d'apprivoisement de la prothèse. Toutes les variations de terrain étaient difficiles à appréhender à la sortie de La Bourbonne et il m'aura fallu plusieurs bonnes semaines pour gagner en aisance. Le plus difficile était de marcher dans l'herbe, à cause des variations du sol, des creux et surtout des mottes d'herbe qui freinent subitement le pied et donc le genou, favorisant les chutes. Mais ça c'était avant le genou électronique qui a réellement apporté un plus malgré le fait qu'il soit bien plus lourd et qu'il soit nécessaire de le recharger tous les soirs comme un téléphone portable. Heureusement qu'il a une autonomie de 2 jours ½, sans quoi j'aurais eu quelques mauvaises surprises au réveil... 

 Il n'a pas d'action réellement motrice mais il est doté d'une intelligence réactionnelle pour le vérouillage - déverouillage lors de la marche. Il s'adapte à la cadence de marche, aux différentes irrégularités du sol, et lors de la phase pendulaire, c'est-à-dire lors du retour en extension du genou, là où il fallait lancer volontairement et activement la jambe en extension avec le genou mécanique, il le fait automatiquement, ce qui rend la marche plus fluide et naturelle. Un gros plus pour conclure sur le sujet.

D'un point de vue des activités surprises, j'ai pu découvrir le parachute ascensionnel grâce à l'association « Comme sur des roulettes (CSDR)». Cette association propose des activités aux personnes handicapées pour leur redonner goût aux choses, et leur montrer que beaucoup d'activités restent malgré tout possibles. Et je les en remercie de tout cœur. Pour information et pour ceux que cela pourrait intéresser CSDR est ouverte à l'adhésion de personnes valides  en tant qu''accompagnateurs pour rendre ces activités possibles.  C'était un moment très agréable, tout en douceur, partagé avec quelques autres patients et organisateurs très sympathiques.


AOÛT 

Au mois d'août, la fatigue commence à se faire ressentir, 5 séances de kiné par semaines, c'est éprouvant physiquement. Ou peut-être le contre-coup de ces 9 mois d'émotion écoulés. Toujours est-il que je demande à réduire la voilure à 3 séances hebdomadaires, d'autant plus que les résultats sont déjà là. Mais cette fatigue m'intrigue et m'amène à certaines interrogations qui ne vont pas pour me rassurer. Cela a un goût amer de déjà vécu à quelques semaines de la date anniversaire de l'annonce du sarcome. J'essaye malgré tout de me raisonner et de rester optimiste.

Et justement, pour contribuer à cela arrive ma voiture flambant neuve à boîte automatique. Quelle liberté de pouvoir se déplacer à nouveau tout seul sans dépendre de personne. Encore un grand pas vers plus d'autonomie !

Nous décidons aussi de partir quelques jours pour nous reposer un peu et respirer l'air pur des montagnes au cours d'une petite excursion en famille, avec des amis du côté de Chambéry. Nous avons découvert une région magnifique! Et le contexte était parfait pour refaire mes premiers pas en randonnée. Une minuscule randonnée d'1h15 avec peu de dénivelé pour atteindre le panorama sur la splendide «Dent du Chat ». Mais le terrain était on ne peut plus accidenté et vraiment délicat pour quelqu'un qui démarre avec une prothèse fémorale. Et ce à plus forte raison lorsque celle-ci n'est pas réglée de manière optimale. Je ne pouvais pas m'y attendre, une soi-disant randonnée familiale facile d'après les avis sur internet... Armé de mes bâtons télescopiques, j'en ai bavé, mais quel plaisir à l'arrivée! Un panorama à couper le souffle méritant largement la fatigue et la souffrance endurée pour moi qui était tombé quelques jours auparavant avec les béquilles en pleine nuit. Je m'étais fait bien mal, mais aussi très peur sur le moment. Petite chute en arrière et choc sur le nez d'une des marches d'un escalier. Mon mignon s'en souvient encore. Cela m'aura valu plusieurs jours d'arnica mais au final plus de peur que de mal, ouff !!! Grâce à toi Amandine, cette randonnée restera gravée dans ma mémoire comme les premiers pas d'un enfant, comme l'un de mes premiers pas.


C'est aussi en ce mois d'août que je réussis enfin à obtenir gain de cause face à mon organisme de prévoyance. Celle-ci a fait la sourde oreille jusqu'à ce que je rentre en contact avec l'association bénévole « Caire 13 ». Cette association vient en aide aux professionnels indépendants, libéraux, agriculteurs, commerçants, etc. atteints du cancer dans leurs démarches administratives, juridiques, et sociales. Et c'est grâce à l'avocate Me Bozzi, qui après avoir trouvé la faille et les mots justes aura réussi à leur faire entendre raison. Un simple courrier aura mis fin à cette longue période de stress et d'insécurité financière dont je me serais bien passé... Je remercie très chaleureusement et sincèrement Mme Gavaudan et Me Bozzi pour leurs grandes qualités d'écoute, d'empathie, et leur professionnalisme.



SEPTEMBRE

En septembre, les choses se poursuivaient sur leur lancée avec une sympathique journée découverte du wakeboard & paddle organisée par l'orthopédiste BTC, le prothésiste Protéor, et surtout l'association Surfeurs Dargent créée par Eric Dargent, vice-champion du monde handi-surf. Après avoir passé 3 longues années à élaborer sa prothèse de genou Easy-Ride en collaboration avec le prothésiste français Protéor et pouvoir à nouveau surfer, faire du skate, skier, etc., Eric Dargent a monté cette association et permet ainsi aux personnes handicapées de retrouver une part de joie de vivre à travers la découverte et la pratique de diverses activités de glisse, comme le surf, le wakeboard, le paddle, le ski, etc.

Au-delà de la joie de découvrir le wake  et le paddle et d'accomplir pour moi une prouesse physique (il m'aura fallut bien 4-5 jours pour me remettre de cette session...), ce fut l'occasion de rencontrer d'autres personnes en situation de handicap vraiment fort sympathiques. Merci à tous pour vos échanges et partages.

Il était aussi prévu une journée d'essai surf et paddle début octobre aux Lecques, mais la crise du covid-19 aura eu raison des prothésistes, contaminés en masse, obligeant l'annulation de cette dernière, mais ce n'est que partie remise pour des jours meilleurs, dans de meilleures conditions je l'espère pour tous.

https://www.facebook.com/AssociationSurfeursDargent/

https://btc-orthopedie.com/

https://www.proteor.fr/



Quelques semaines plus tard, nouveau test de randonnée au pied de notre magnifique montagne Sainte Victoire. Cela m'a permis avec joie de constater que ma condition s'est améliorée, que je me suis aguerri dans la discipline, toujours avec les bâtons bien-sûr, mais ça passe, et même plutôt bien. Le Tholonet - moulin Cézanne - Acqueduc de Doudon - barrage Zola - plateau de Bibemus par les infernets et redescente par le chemin de la paroisse. Une belle rando de 9 kms pour 3h de marche et 350 m de dénivelé. Quel bonheur de se replonger dans notre chère mère Nature, quelle sensation de liberté et de bien-être !! On n'est encore bien loin du GR20, mais ça progresse !!!


Malheureusement, le 27 septembre, cette belle envolée emplie d'énergie et d'espoir se voit balayée par une mauvaise nouvelle, l'apparition d'un nodule métastatique de 13 mm au poumon gauche. Un tourbillon d'incertitudes, de peur et d'abattement remontent à la surface. Cela m'a littéralement dégoûté, écoeuré. Tous ces efforts, cet optimisme, cette énergie dépensée pour en être encore là !! Les semaines qui précédèrent, il est vrai que la réalité de mes sensations me rattrapaient, perte de quelques kilos, pics de fatigue inexpliqués, réveils nocturnes...  J'avais un mauvais présentiment et me disais par moments « pourvu qu'il n'y ait rien au scanner, je n'aurai pas l'énergie pour affronter encore ça », ne pouvant pas imaginer l'éventualité d'une autre chimiothérapie annihilante. Et pourtant...

La semaine qui s'en suivit nous a tous bien bousculés. Attente de la décision de la commission RCP pour déterminer le traitement le plus approprié, alors qu'à cet instant j'aurais été prêt à me faire opérer en urgence pour qu'on me débarrasse au plus vite de cette masse destructrice. Mais pas le choix, il faut attendre, encore et encore...  Et le verdict tombe, ils préconisent la radiothérapie stéréotaxique.  Oufff!!!! Je respire, même si le problème n'est pas résolu pour autant, mais c'est déjà ça. Je crois que j'aurais été prêt à tout essayer sauf replonger dans cet enfer...

On m'envoie donc rencontrer un autre radiothérapeute à l'IPC puisque le Dr Moureau qui me suit est partie pour la radiothérapie d'Aix qui n'a pas encore les moyens logistiques de faire la radiothérapie stéréotaxique qui m'est prescrite et que l'IPC veut me proposer un essai clinique avec immunothérapie. Et là, retour à la situation de l'an dernier, médecin peu empathique, qui n'explique rien, et ne donne pas l'impression d'avoir envie de le faire... Mais on se demande pourquoi ils choisissent de travailler dans un service d'oncologie ! Je viens pour qu'on me présente un essai clinique et à côté de ça, on me dit que non, ce n'est pas le but de ce rdv, ni le sien. Je viens juste pour le rencontrer et récupérer la documentation concernant l'essai clinique qui doit tout m'expliquer afin qu'on se revoit la semaine suivante pour me donner le temps de la réflexion et prendre ma décision. Trop fort, me faire venir juste pour récupérer un bout de papier. Mais le comble dans tout ça, c'est qu'il n'arrivait pas à le retrouver. Nous sommes donc repartis les mains vides, plus paumés qu'on ne l'était en arrivant, pour au final recevoir le document par email. Et pour couronner le tout, ce médecin se permettait de nous parler d'un air condescendant avec des propos déplacés du style « Et bien vous voyez que vous en savez des choses »  juste parce que j'avais certaines connaissances médicales. Il fallait lui tirer les vers du nez pour obtenir la moindre information, et encore quand il avait une réponse à donner...  "Je ne peux vous répondre que sur la radiothérapie, je ne suis ni radiologue, ni chirurgien, c'est comme si je vous demandais à vous de m'expliquer comment on répare une voiture... ". Et lorsque je lui ai fait part de ma franche déception de manière très contenue, respectueuse et diplomate, pour lui expliquer qu'il aurait très bien pu m'envoyer cet essai clinique par email avant qu'on se rencontre, "Mais Monsieur, on ne se connait pas, on ne s'est jamais vu!"  Hmm, comment dire, j'ai ravalé ma salive mais j'aurais aimé franchement lui dire "Parce que j'en ai quelque chose à faire de voir votre tête? Votre ego est surdéveloppé au point d'avoir besoin que vos patients vous voient avant toute chose? A croire que nous sommes venus faire causette au salon de thé à nos heures perdues, car on n'a vraiment beaucoup de temps à perdre, ou à tuer..." No comment ! 

Heureusement, le Dr Cavalcanti et le Dr Moureau ont été bien plus éloquantes et humaines pour m'orienter dans mes choix. D'après le Dr Cavalcanti, l'immunothérapie a donné jusque-là des résultats très décevants sur les sarcomes. Et pour ma part, après lecture du fameux sacro-saint essai, il fallait passer toute une batterie de bilans préalables retardant d'un mois le début des soins, sans compter tous les effets secondaires possibles, les bilans ultérieurs, etc. Non, aucune envie de retourner dans cette surmédicalisation et subir les effets secondaires de ces traitements. Je sens que mon corps et ma psyché ont été suffisamment éprouvés comme ça depuis un an!

Les radio-fréquences quant à elles sont une techniques plus invasives avec risques de pneumothorax car il faut pénétrer dans le poumon avec des aiguilles fines pour atteindre le nodule et lui injecter de l'azote liquide ou de la chaleur pour brûler les cellules tumorales. C'est semble-t-il une méthode plus délicate car opérateur-dépendante, et qu'il faut bien circonscrire toute la zone métastatique et tout cibler pour éviter la récidive.

Mon choix s'est donc porté comme la RCP vers la radiothérapie. Traitement court, 5 séances consécutives, pas de rdv d'anesthésie puisque pas de chirurgie, et technique non invasive en comparaison avec les deux autres approches.

A un mois après traitement, je dirais que cette nouvelle épreuve est mieux digérée, bien qu'il y ait encore des choses à travailler psychologiquement et qui ne sont pas forcément en rapport direct avec cette métastase. Le prochain scanner de contrôle est prévu pour le 7 janvier, tiens, le jour de ma fête, à croire que les dates ont encore leur lot de surprises. J'espère que cette fois-ci, les saints seront vainqueurs.


La semaine prochaine, essayage d'un nouveau système d'emboiture, toujours sous vide, mais en contact total, c'est à dire sans manchon. À la place, vient se substituer un parachute (le matériau est une sorte de toile de parachute, d'où le nom je suppose), permettant de glisser le mignon à l'intérieur de l'emboiture. Une fois mis en place, il n'y a plus qu'à retirer le parachute par la valve inférieure, et le tour est joué. Restera à voir si avec cette autre technique, je ne risque pas de m'envoler... 😂🤣😅

Portez-vous bien! Même si cette année elles auront forcément un goût très particulier, je vous souhaite  de passer malgré tout de très joyeuses fêtes de fin d'année entourés de prêt ou de loin de ceux que vous aimez et qui vous apportent joie ou réconfort.